Grossesse et art : Comment la grossesse a-t-elle été représentée dans l’art à travers les âges ?

La maternité est souvent immortalisée par les artistes, qu’elle inspire autant qu’elle fascine. De nombreuses œuvres figurent la femme enceinte ou la mère et son enfant. Comment la grossesse a-t-elle été représentée dans l’art à travers les âges ? Grossesse et art : retour sur cette sensibilité.

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La Vierge à l’enfant : une représentation iconique 

art mise en scène grossesse
@MuséeduLouvre @Wikipédia

La Vierge à l’enfant est une icône que l’on peut fréquemment observer. La Nativité chrétienne fait en effet l’objet de nombreuses toiles et sculptures. On y observe une femme assise, un enfant installé sur ses genoux. Certains artistes choisissent de la représenter donnant le sein à son bébé.

La scène est représentée à de nombreuses reprises à compter du Moyen-Âge et en particulier au XVème siècle, à la Renaissance. Y compris par les plus grands artistes aux inestimables chef-d ’œuvres, comme Michel-Ange ou encore le peintre Raphaël.

Si les figures restent les mêmes, leur posture évolue au XVIIIème siècle : les regards, qui croisent au départ celui du spectateur, se tournent l’un vers l’autre. 

L’icône religieuse de la Vierge laisse peu à peu place à la femme, à travers des scènes familiales. Aujourd’hui encore, les photographes aiment à immortaliser une mère avec son jeune enfant.

XVIIIème siècle : une vision plus réaliste de la grossesse  

Ce n’est qu’à partir du XVIIIème siècle que l’approche de la grossesse par l’art se modifie. Un changement progressif, qui s’étale jusqu’au XIXème siècle, mais suffisamment marqué pour être souligné : la Vierge laisse place à des personnages féminins mortels.

Car jusqu’à alors, la Sainte Vierge était la représentation maternelle dans les œuvres. Peu à peu, portée par des célèbres peintres tels que Cézanne et Sorolla, la scène s’affranchit de l’icône et représente les femmes enceintes ou venant d’enfanter. 

Toujours avec un œil captant uniquement la tendresse de la maternité. Si la représentation est plus charnelle, elle reste donc idéalisée. 

La grossesse au XXème siècle : un art brut

art Frida Khalo
@PlumedArt

Gustave Klint, en 1900, est celui qui lève le voile sur des parts jusqu’alors cachées de la féminité : le vieillissement et la mort, l’érotisme, la fragilité.

Il ouvre la voix aux artistes contemporains, qui s’attachent à donner leur vision de la maternité sans fard. 

La part sombre de la grossesse dans l’art trouve sa place. IVG, fausses couches… sont désormais retranscrites sur toiles. Notamment sous le pinceau de Frida Kahlo.

L’art aborde désormais la grossesse plus largement. La pression ressentie par des femmes quant au fait de tomber enceinte, d’élever leur enfant de telle façon… sont aussi des thèmes que les artistes retranscrivent dans leurs œuvres.

Les douleurs de l’accouchement, le stress qui peut entourer le fait d’être enceinte… autrement dit les maux de la grossesse, sont eux aussi mis en avant par des artistes, comme la sculptrice Louise Bourgeois.

Les photographes immortalisent aussi les femmes enceintes et les duos maman-bébé. Si aujourd’hui il n’est plus rare de voir des stars poser pendant leur grossesse ou avec leur bébé en une des magazines, à l’instar de Beyoncé dernièrement, le chemin a été long. Ainsi, la photographie de Demi Moore nue et enceinte n’a pas été bien accueillie en 1991.

Des autoportraits pour montrer la réalité de la grossesse

vision artistique grossesse
@NuméroMagazine

L’évolution de l’image artistique de la grossesse est liée aux femmes enceintes elles-mêmes. Plusieurs d’entre elles ont réalisé des autoportraits pour montrer leur réalité de la grossesse, leur vécu. Car chacune a sa sensibilité, et aucune grossesse ne ressemble à une autre.

Chantal Joffe, Elizabeth Vigée-Lebrun ou encore Ghislaine Howard se sont lancées dans l’exercice de l’autoportrait pendant leurs grossesses.

Ces artistes ont chacune livré à travers leurs œuvres un témoignage visuel et sans fioriture de leur façon de vivre la grossesse. Mélancolie, tendresse, peur, joie… les émotions s’affichent et s’assument.

L’art qui se réapproprie peu à peu le corps de la femme

Avec les tableaux de la Vierge et l’enfant, le corps de la femme est habillé, presque sacralisé. Les premières scènes familiales sont des poses assez figées, scénarisées. Les premiers nus féminins sont eux aussi très sages.

Une lente transition s’opère à travers les âges avec l’arrivée progressive de tableaux plus subversifs, plus osés et les autoportraits.

Avec ces travaux artistiques montrant la réalité de la grossesse, la femme se réapproprie son corps. Vêtu ou dévêtu, celui s’assume désormais pleinement, à la vue de tous grâce aux photos artistiques, vidéos, peintures, sculptures. 

Plus largement, l’art participe à la prise de conscience de tout ce qui entoure la grossesse et la maternité. Difficultés à tomber enceinte, pressions sociétales, modification du corps, sexualité et érotisme… longtemps tabous, l’art s’est désormais saisi de ses sujets.

Une lente évolution au cours de plusieurs siècles a été nécessaire pour que la femme enceinte trouve sa pleine place dans l’art.